Omran Younis
L'énergie du trait, l'instant précis entre la vie et la mort… c'est à cette interrogation que j'essaye de répondre. Entre ce qui est graphique - de point de vue agencement de l'espace - et ce qui est en rapport à la vigueur du trait, comment ces lignes qui s'échelonnent du blanc au noir peuvent ne pas être spontanées alors qu'elles s'entremêlent en toi, insufflent la vie dans tes formes et tes surfaces, enregistrent le mouvement intérieur de la forme et les travaillent de manière à rendre vivaces les lignes ?
Pour ce qui est du thème et de son traitement, je me retrouve avec l'assassin dans la même pièce. C'est comme si nous nous battons sur la toile blanche et les traits épais sont autant de plaies profondes. C'est comme si je travaillais les surfaces au couteau. Il s'agit de ma blessure, de mon chagrin, et l'assassin, plein de haine, ne cesse de tirer des coups de feu. Quelle est cette vérité qui me fait face ? Tant de sang, tant de fusillades, tant de morts ! Leurs cris ne me quittent jamais, le terrible instant de mort se transforme en cauchemar dans mes rêves. Qui es-tu, ô Mort, pour flotter ainsi au-dessus de nos têtes, pour t'emparer de tout ce qui est vivant ? Ce sont les enfants de mon pays et je suis totalement impuissant ! La mort anéantit un être vivant à chaque seconde de chaque minute. Je suis pris entre Le Cri d'Edward Munch et les Cauchemars de Goya. Le voilà mon cri : arrêtez les tueries dans mon pays !
Fait à Damas, mai 2014
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