Claude
BALTZ
Philosophe,
Professeur en Sciences de l’information et de la communication.
Université Paris 8.
Thèmes de recherche :
Epistémologie de l’information et de la communication
Effets sociaux des TIC
Cyberculture
Nombreuses consultations et directions d’étude
:France Télécom, CNET, Plan
Urbain, Observatoire des Télécommunications dans
la Ville (OTV), Digital Equipment France, etc.
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L’idée
principale est que l’application des TIC en milieu urbain
s’est caractérisée essentiellement jusqu’ici
par quelques grandes tendances :
- en gros, on a surtout appliqué les TIC sur l’espace
urbain, au lieu d’en penser l’imbrication
- cette mise en œuvre s’est d’abord faite selon
les critères de la performance technique
- enfin, elle s’est opérée de façon
anarchique, sans image d’ensemble.
Quelques réalisations, comme l’expérience
visiophonique de Biarritz ou des débuts de « ville
numérique » comme Parthenay échappent certainement
par certains aspects à ce constat mais, dans l’ensemble,
on peut avancer que nous en sommes encore aux balbutiements
d’une réflexion un peu consistante sur les rapports
entre TIC et milieu urbain. On développera donc quelques
pistes pour tenter d’avancer sur ce terrain encore neuf
:
- Les choses ayant maintenant avancé, il devient indispensable,
comme cela s’est progressivement passé en entreprise,
que les promoteurs de ces types de projet possèdent un
minimum de cette culture spécifique, que l’on nomme
de plus en plus « cyberculture », dans un sens qui
sera explicité.
- A l’heure où se font jour, à Tokyo, par
exemple, des projets de « rue interactive », il
devient en conséquence indispensable, dans ce nouveau
domaine de l’art, de s’approprier autrement que
par effet de mode, des concepts structurants tels que : réseaux,
hypertextes, écriture généralisée,
interactivité, simulation, couplage technique/théorie,
paradigme biologique, etc.
- L’imprégnation cyberculturelle permet alors de
considérer que les espaces architectural et urbain doivent
de plus en plus se penser dans leurs rapports complexes avec
le cyberespace.
- Ceci mène donc d’abord, avant tout appareillage
technologique, à regarder l’espace en termes d’information,
de communication, d’échange, de mémoire,
d’écriture/lecture, ainsi que les usages ainsi
induits, qu’ils soient réels, potentiels ou virtuels.
- En particulier, on peut aussi concevoir une remise en cause
du zoom habituel, qui se manifeste le plus souvent par une «
échelle monumentalisante », qui survalorise les
grandes machines communiquantes, au détriment d’éléments
plus quotidiens. Ainsi peuvent peut-être se trouver mieux
situées les pratiques du « brutalisme » ou
les « théories du chaos » mal digérées.
- Plus théoriquement, mais avec des enjeux évidents,
il semble également possible sur ces nouvelles bases,
de poser un fondement théorique à la nécessaire
dimension de la surprise, opposée à l’uniformité,
en ce qu’elle constitue le constituant fondamental de
l’information.
- Enfin, pour n’anticiper apparemment que de très
peu, il faudrait faire une place à part, et importante,
à ce qui se traite en cyberculture sous le couple théorique
« information/énergie » : il est évident
que, s’appuyant sur des technologies encore inexistantes
ou trop chères il y a peu, nous devons commencer systématiquement
commencer à reconsidérer le statut du déplacement
physique, au profit du déplacement informationnel.
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